Intégrer la lecture dans son quotidien : une question d'intention, pas de quantité
Quand on aime les livres, on aimerait pouvoir lire tout le temps. Pourtant, entre le travail, les obligations familiales, les tâches ménagères et la vie sociale, le temps de lecture peut fondre comme neige au soleil. Ce n’est pas une question de mauvaise volonté. Le rythme imposé par la vie moderne laisse peu de place à des pauses prolongées. Mais faut-il forcément lire une heure par jour pour se considérer comme une « vraie lectrice » ? Absolument pas. La lecture ne se mesure pas en nombre de pages, mais en qualité d’attention et de lien créé avec le texte.
Au lieu de chercher à tout prix à augmenter le temps consacré aux livres, il vaut mieux s'interroger sur ce que l’on attend de la lecture. Est-ce une échappatoire ? Une manière de se sentir moins seule ? Un outil de croissance personnelle ou de réconfort ? Identifier l’intention permet de revaloriser même les séances de lecture les plus courtes. Dix pages dans un roman qui vous touche sincèrement valent parfois plus qu’une centaine lues machinalement.
Déconstruire la culpabilité liée à une lecture « irrégulière »
Dans un monde où la productivité est glorifiée, même la lecture est parfois perçue comme une performance. Finir un certain nombre de livres par mois, suivre les lectures du moment, poster ses impressions sur Instagram ou Goodreads… Ces pratiques peuvent enrichir l’expérience littéraire, mais elles peuvent aussi instaurer une pression inutile. Il n’est pas nécessaire de transformer la lecture, qui devrait être un plaisir intime, en obligation sociale ou intellectuelle.
Nombreuses sont les femmes qui, lorsqu’elles délaissent leurs lectures pendant un moment, se sentent coupables, comme si elles renonçaient à une partie d’elles-mêmes. Or, cette pause ne signifie pas un désamour du livre, mais souvent un besoin de temps pour s’occuper de soi autrement. Les mots peuvent attendre. Et ils sauront toujours, au moment opportun, venir dans vos mains comme une évidence.
Si vous ressentez cette culpabilité, nous vous recommandons la lecture de ce billet sur la lecture comme ancrage essentiel. Il rappelle à quel point les mots peuvent nourrir notre intériorité sans exigence de rendement.
Créer de l’espace mental pour lire (et non du temps)
Plutôt que de chercher désespérément à caser des créneaux de lecture dans un planning déjà surchargé, l’idée est plutôt de libérer de l’espace mental. Cela peut passer par de petites modifications : éteindre son téléphone vingt minutes plus tôt pour lire au lit, remplacer un temps d’écran par un chapitre, transformer une corvée routinière (comme l’attente chez le médecin) en opportunité de lecture.
Autrement dit, il ne s’agit pas de lire plus, mais de lire mieux, en favorisant des moments de qualité où l’on est disponible émotionnellement. Certains jours, cela ne sera pas possible. Et c’est parfaitement acceptable.
Pour les jours plus flous ou difficiles, vous trouverez dans cet article 10 livres à lire quand on se sent perdue qui peuvent vous aider à retrouver le fil.
Ritualiser la lecture sans rigidité
Instaurer une routine de lecture peut aider à s’y remettre régulièrement. Mais attention à ne pas tomber dans une approche trop stricte. L’idée n’est pas de « s’imposer » la lecture à heures fixes, mais de la favoriser dans un cadre qui vous convient. Par exemple :
- Lire un poème chaque matin, avec le café.
- Avoir un livre qui vous attend près de votre lit, sans obligation de nombre de pages.
- Lire dans les transports si c’est un moment calme pour vous.
- Réserver un moment « sans écran » pendant le week-end pour se reconnecter à un livre.
Les rituels doux sont plus efficaces sur la durée qu’un emploi du temps figé. Pour celles qui se sentent en période de transition ou de transformation intérieure, vous aimerez peut-être l’article sur les lectures pour traverser les périodes de transition.
Accepter les périodes sans lecture comme faisant partie du cycle
Il y aura toujours des phases dans la vie où la lecture deviendra secondaire. Fatigue, surcharge mentale, stress ou besoin de vivre plus dans le corps que dans les mots. Ces périodes ne font pas de vous une mauvaise lectrice. Elles sont naturelles. Lire implique une disposition intérieure. Parfois, cette disposition est absente. Force est de constater que dans un monde où tout est immédiat et constant, le rythme naturel de l’âme humaine est souvent cyclique.
Certains moments appellent le silence ou la contemplation, pas forcément les récits. Accueillir ces pauses avec bienveillance est essentiel. Ce recul finit souvent par renforcer, en retour, notre désir de lire. Le manque devient moteur de retrouvailles.
Dans cette optique, relire un ouvrage aimé ou un passage de texte significatif peut suffire à entretenir ce lien discret à la lecture sans tomber dans l’injonction du « nouveau livre terminé ». Pour vous inspirer à renouer simplement avec vos envies, cet article sur le lien entre lectures et féminité propose une approche sensible et intuitive de la littérature.
Choisir des lectures adaptées à ses besoins du moment
Tout comme l'on adapte son alimentation ou son activité physique à son énergie du jour, les lectures peuvent, elles aussi, suivre ce principe d'ajustement. Parfois, on a envie de s’emparer d’un roman long (comme Le Chardonneret de Donna Tartt). D’autres fois, on préférera une série de textes courts, comme ceux rassemblés dans Les Gratitudes de Delphine de Vigan ou des recueils de poésie d’Emily Dickinson ou d’Anna de Noailles.
Écouter où l’on en est intérieurement permet de ne pas traiter le livre comme une exigence, mais comme un appui subtil et vivant. En ce sens, la lecture devient aussi un acte de soin de soi. Pour explorer cette dimension méditative du rapport au livre, l’article sur la lecture comme forme de méditation pourra vous accompagner.
Conclusion : vous êtes une lectrice, même quand vous ne lisez pas
Être lectrice, ce n’est pas lire constamment. C’est aimer les livres, porter en soi cette sensibilité au mot, à l’histoire, au silence que crée la lecture. C’est accorder de la valeur à ce lien invisible, même lorsque l’agenda ou les priorités de vie écartent momentanément le temps pour les romans.
Nourrir un rapport apaisé à la lecture, c’est aussi retrouver une forme de liberté intérieure. Celle de choisir, de ressentir, de se reconnecter au texte quand cela résonne, sans pression, sans performance. Lire n’est pas un devoir, c’est un geste d’amour discret. Et il commence toujours par le fait de s’écouter vraiment.