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S’initier à la littérature palestinienne : 10 lectures pour mieux comprendre une culture

Depuis plusieurs décennies, la littérature palestinienne constitue un témoignage puissant et poignant d’une histoire faite de déchirements, de résistance et d’attachement à une terre disputée. L’exploration de cette littérature permet non seulement une immersion dans une culture aux racines profondes, mais aussi une compréhension plus fine des réalités vécues par un peuple dont la voix est souvent réduite au silence ou à des clichés. Voici dix œuvres majeures pour s’initier à la richesse de cette tradition littéraire et mieux saisir la complexité de l'identité palestinienne.

Comprendre les origines de la littérature palestinienne contemporaine

La littérature palestinienne telle que nous la connaissons aujourd’hui a émergé dans un contexte de lutte politique après la Nakba (« catastrophe » en arabe), lorsque plus de 700 000 Palestiniens ont été déplacés en 1948. Cette expérience d’exil, de perte et de nostalgie est au cœur de nombreux récits qui mêlent poésie, roman et témoignage politique. Si une grande partie de cette littérature est née en arabe, elle s’est peu à peu répandue à travers le monde, traduite dans de nombreuses langues, notamment l’anglais et le français.

Ghassan Kanafani : une figure centrale de la littérature de la résistance

Parmi les premiers auteurs à faire entendre la voix palestinienne, Ghassan Kanafani occupe une place à part. Journaliste et écrivain, il a été assassiné en 1972 à Beyrouth. Son œuvre phare, Hommes sous le soleil, décrit le drame des réfugiés palestiniens tentant de survivre dans les marges du monde arabe. Avec une écriture sobre et percutante, il donne à voir la dignité perdue mais jamais éteinte d’un peuple rendu invisible.

Autre récit puissant : Retour à Haïfa, dans lequel il confronte deux familles, l’une palestinienne, l’autre israélienne, autour d’un même lieu, donnant toute sa complexité à la notion d’appartenance.

Mahmoud Darwich : la voix poétique d’un peuple

Né en 1941 en Galilée, Mahmoud Darwich est sans doute le poète le plus emblématique de la Palestine moderne. Son œuvre traverse les décennies, de l’exil à la quête d’identité, du désespoir à l’espoir insatiable. Parmi ses recueils incontournables : Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? ou encore Mural, qui abordent tous deux la mémoire, la mort et la beauté douloureuse de l’existence.

Darwich est souvent lu comme une incarnation de la terre palestinienne elle-même : ses vers résonnent comme un chant d’amour et de douleur, et sa poésie offre une porte d’entrée sensible et nuancée dans l’histoire collective de son peuple.

Susan Abulhawa : raconter l’exil en anglais

Née d’une famille réfugiée au Koweït, Susan Abulhawa vit aujourd’hui aux États-Unis et écrit en anglais. Son roman Les matins de Jénine est devenu une œuvre de référence. À travers la saga d’une famille palestinienne, elle retrace plusieurs décennies de conflit et de déplacement forcé, le tout porté par une prose accessible et bouleversante. C’est une excellente lecture pour qui souhaite comprendre le vécu des réfugiés à travers une narration romanesque parfois proche du réalisme magique.

Mourid Barghouti : écrire depuis l’exil

Poète et essayiste, Mourid Barghouti a lui aussi fait l’expérience de l’exil. Dans I Saw Ramallah (publié en français sous le titre J’ai vu Ramallah), il raconte son retour dans sa ville natale après 30 ans d’absence. Ce récit de mémoire, oscillant entre poésie et prose méditative, offre une réflexion sensible sur ce que signifie « revenir » quand le territoire même semble avoir changé de visage.

Adania Shibli : une littérature de l’implicite et du silence

Auteure contemporaine reconnue, Adania Shibli explore dans ses romans l’absurde et la mélancolie propres à la condition palestinienne. Son dernier roman Un détail mineur, finaliste du National Book Award, revient sur un massacre perpétré en 1949 par l’armée israélienne et offre un double regard : celui de l’histoire, puis celui d’une chercheuse contemporaine. Épure narrative, minimalisme et tension sourde rendent cette œuvre incontournable pour qui cherche une littérature puissante par ce qu’elle laisse entrevoir plutôt que par ce qu’elle énonce.

Rula Jebreal : retour sur l’histoire intime des femmes palestiniennes

Avec Dans le silence de l’amour, Rula Jebreal mêle roman et autobiographie pour raconter l’histoire d’une jeune fille élevée dans un orphelinat palestinien. Journaliste, romancière et militante, elle y dresse le portrait d’une société où les femmes doivent sans cesse composer avec l’enfermement, les traditions et la guerre. L’écriture est directe, émotionnelle, ancrée dans une réalité trop souvent ignorée.

Ebtisam Barakat : écrire pour les jeunes et transmettre la mémoire

Auteur et poétesse vivant aux États-Unis, Ebtisam Barakat a dédié plusieurs ouvrages au jeune public, dans une langue accessible mais jamais naïve. Tasting the Sky raconte son enfance durant la guerre des Six Jours en 1967. Sa voix, teintée d’innocence et de détermination, illustre l’importance de transmettre la mémoire aux générations futures.

La littérature palestinienne au féminin : une parole multiple

Nombreuses sont aujourd’hui les auteures palestiniennes qui font entendre leurs récits intimes, féminins, résistants. On pense à Liana Badr, auteure de récits courts et de romans sur la révolution et le destin des femmes, mais aussi à Nayrouz Qarmout, dont The Sea Cloak offre des tranches de vie dans Gaza sous blocus, entre résilience et quotidien morcelé.

Comme dans notre article sur les voix féminines africaines ou les écrivaines d’Amérique Latine, ces plumes palestiniennes disent un réel trop souvent filtré par les médias, offrant une perspective profondément humaine et engagée.

Comment poursuivre cette exploration littéraire?

Pour approfondir la découverte de la littérature palestinienne, certains éditeurs comme Actes Sud, Sindbad ou encore Gallimard ont contribué à la traduction de nombreuses œuvres. Il est aussi conseillé d’explorer les revues comme Banipal, qui publie des auteurs arabes contemporains, ou le site Words Without Borders pour lire des extraits traduits en anglais.

Dans un monde où les discours sur la Palestine sont souvent réducteurs ou instrumentalisés, s’ouvrir à sa production littéraire permet d’entendre d’autres vérités, plus nuancées, plus incarnées. Comme avec notre sélection de romans chiliens ou de romans boliviens, chaque lecture devient un voyage intime au cœur d’un peuple et de ses récits.

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