Ce site Web a des limites de navigation. Il est recommandé d'utiliser un navigateur comme Edge, Chrome, Safari ou Firefox.

Quand Simone Weil glissait des vers dans ses poches pendant la guerre

Simone Weil, philosophe engagée, mystique et résistante née en 1909, a traversé le XXe siècle comme une flamme à l'intensité rare. D’un esprit libre, rigoureux et intransigeant, elle a su défendre ses idéaux avec une radicalité qui frôle parfois l’ascèse. Pourtant, au cœur de son engagement politique et de son cheminement spirituel, se cache une sensibilité poétique peu explorée. Pendant les années 30 et la Seconde Guerre mondiale, Simone Weil glissait dans ses poches des vers, fragments littéraires ou extraits de poésie, comme on garde des talismans. Cette habitude, bien qu’intime, témoigne de la place essentielle de la littérature dans la résistance intérieure de cette femme hors norme.

Simone Weil : un esprit en guerre, une âme en quête

Simone Weil est connue pour la rigueur de sa pensée et l’intensité de ses engagements. Agrégée de philosophie à 22 ans, ouvrière volontaire dans les usines Renault, militante au sein de mouvements syndicalistes et anti-fascistes, elle s’engage aussi aux côtés des Républicains pendant la Guerre d’Espagne, puis rejoint Londres en 1942 pour proposer au général de Gaulle un projet de bataillon de parachutistes non armés. Son œuvre philosophique, composée d’ouvrages comme L’Enracinement ou La Pesanteur et la Grâce, explore l’inhumain dans la modernité, mais aussi le divin dans l’expérience humaine.

Ce que l'on sait moins, c’est que Weil nourrissait sa pensée austère d’un amour profond pour la poésie. Dans ses carnets, ses lettres et annotations, on retrouve des extraits de poèmes grecs, des vers d’Homère, de Virgile, mais aussi de Racine, de Pindare ou d’auteurs latins plus rares. Dans les marges de ses réflexions politiques ou métaphysiques, la poésie agissait chez elle comme une étincelle de consolation silencieuse. À l’instar d’autres femmes de lettres comme Clarice Lispector ou Emily Brontë, Weil faisait de l’écrit un abri intérieur.

La poésie dans la poche : le geste discret d’une résistance intime

Selon plusieurs sources, notamment les témoignages de ses proches et l’étude de ses archives, Simone Weil avait l’habitude de glisser dans ses poches des petits bouts de papiers contenant des vers ou extraits de textes. Ce geste, loin d’être anodin, est un rituel de mémoire et de survie pour celle qui croyait à la force transformatrice de la beauté. Ces papiers l’accompagnaient dans ses déplacements, parfois même dans les usines où elle travaillait comme ouvrière, et jusqu’en exil, en Angleterre.

On en retrouve la trace dans les notes prises à Marseille en 1941 ou à Londres en 1942. Ces extraits témoignent d’un lien fort avec les textes anciens : poésie grecque antique, poèmes mystiques, tragédies classiques. Le vers poétique n’est jamais décoratif chez Simone Weil. Il est à la fois prière, point d’ancrage, et rappel du sublime au cœur de la violence. Cette pratique intime rejoint, d’une certaine manière, les amulettes littéraires portées par Colette dans ses bijoux fétiches.

Des vers pour penser, des vers pour survivre

La poésie n’est pas un ornement chez Weil, elle est une manière de respirer le monde autrement. Dans le tumulte de la guerre ou de l’oppression, les vers sont des lignes d’horizon. Il n’est pas anodin que Simone Weil cite longuement Sophocle ou Eschyle dans ses lettres. Lorsqu’elle écrit ou médite sur la condition humaine, elle convoque ces textes comme elle invoquerait des figures sacrées. Dans La Source grecque, elle note : « La poésie grecque est ce qui m’a donné foi dans l’intelligence humaine. »

Plusieurs chercheurs, notamment Simone Pétrement, biographe renommée de Weil, ont mis en lumière la manière dont la philosophe tissait des liens entre douleur, transcendance et langage poétique. Elle ne citait pas ces auteurs par érudition : elle les vivait comme une chair, une manière tangible de rester humaine en terrain hostile. Cette relation entre le langage écrit et le corps était aussi explorée, d’une autre manière, par des auteures comme Ina Seidel.

La parole poétique comme silence actif

Simone Weil valorise la notion d’attention extrême, une posture éthique et spirituelle qui suppose le retrait de l’ego pour accueillir la réalité telle qu’elle est. Dans ce silence volontaire, la poésie a une place unique : elle devient écoute du monde. Les vers transportés sont moins des certitudes fixées que des exercices d’ascèse intérieure. Poésie et anonymat, langage et dépouillement, beauté et douleur s’entrelacent dans cette tension entre guerre extérieure et paix intérieure.

Ce recours à la poésie dans un geste de fuite ou de dissimulation peut aussi être rapproché d’autres formes d’écriture en résistance. De nombreuses femmes écrivaines ont, dans les moments troublés, manipulé le langage comme un rempart. Citons, par exemple, la manière dont Lou Andreas-Salomé liait vêtements, écriture et identité dans ses essais. Chez Weil, cette relation est plus austère, mais tout aussi incarnée.

Un legs discret mais fécond

Simone Weil meurt à 34 ans, en août 1943, dans un sanatorium anglais. Sa santé fragile, aggravée par ses jeûnes volontaires et une tuberculose, précipite sa disparition. Pourtant, son œuvre a laissé une trace profonde, tant dans la pensée philosophique que dans le domaine littéraire. Sa correspondance et ses carnets, conservés notamment à la bibliothèque Jacques-Doucet et à la BNF, continuent d’inspirer penseurs, artistes et lectrices avides de vérité brute et de beauté intérieure.

Le geste de glisser un vers dans une poche peut paraître anecdotique. Mais chez Simone Weil, il s’inscrit dans une cohérence plus vaste. Ce geste, discret, rappelle la nécessité de garder à portée de main — littéralement — un fragment du monde qui échappe au chaos. Pour toutes celles qui lisent, écrivent ou vivent en marge, c’est un hommage à la puissance tranquille des mots.

Et si c’était à nous de glisser des poèmes dans nos poches ?

À l’heure où les stimulations numériques saturent notre quotidien, où l’attention devient un luxe, le geste de Simone Weil invite à une autre forme de présence. Pourquoi ne pas renouer avec cette pratique ? Copier un vers sur un papier, le glisser dans son sac, sa poche ou son agenda, et le lire dans le métro ou sur un banc. Il ne s’agit pas seulement de lecture, mais d’une forme de présence littéraire vécue au quotidien.

Les accessoires littéraires, comme ceux proposés par MUSE BOOK CLUB, s’inscrivent dans cette logique : redonner au geste de lire, d’écrire et de porter des mots toute sa magie. De même que Simone Weil puisait dans la poésie un refuge et une force, chaque lectrice peut trouver dans l’objet poétique — qu’il soit vêtement, carnet ou bijou — un point d’ancrage sensible et symbolique.

MUSE BOOK CLUB : la marque des lectrices.

Explorez notre collection de vêtements et accessoires littéraires pour les amoureuse des livres.

DÉCOUVRIR LA MARQUE →

Panier

Plus de produits disponibles à l'achat

Votre panier est vide.