Il suffit parfois d’une phrase. Une poignée de mots, presque volés à la page, qui se détachent du texte pour venir se loger dans notre esprit, y allumer une étincelle. Les autrices ont depuis toujours ce don rare : celui de faire résonner des vérités intimes à travers une syntaxe précise, des silences choisis, des mots qui frappent ou caressent. Pour une femme qui lit, une phrase peut devenir un manifeste ; pour une femme qui écrit, une boussole. Aujourd’hui, nous voulons rassembler ces mots d’autrices qui éveillent une voix intérieure et donnent envie de créer — que ce soit une histoire, un poème, un vêtement ou simplement un espace plus poétique en soi.
Pourquoi les mots des autrices résonnent si fort chez les lectrices
Longtemps reléguées aux marges du canon littéraire, les femmes écrivaines ont développé une façon singulière de raconter : depuis la marge, mais jamais en retrait. Leurs mots sont souvent empreints d’introspection, de révolte douce, de sensualité ou de résistance discrète. Dans ces voix littéraires, de Simone de Beauvoir à Audre Lorde, de Marguerite Duras à Annie Ernaux, les lectrices trouvent des fragments de leur propre langage intérieur.
Certaines phrases sont des phares, comme ce passage de Virginia Woolf dans Une chambre à soi : « Une femme doit avoir de l'argent et une chambre à elle si elle veut écrire de la fiction. » Cette citation ne parle pas seulement d’écriture : elle parle de légitimité, d’espace, de droit à la création. Elle rappelle que prendre la parole peut être un acte libérateur, nécessaire.
Les phrases qui déclenchent l’envie de créer
Voici quelques citations profondes d’autrices, réellement prononcées ou issues de textes identifiés, qui ont nourri des générations de femmes créatives. Chacune peut devenir une graine créative à semer dans son quotidien.
- Clarice Lispector – « Je suis entre deux parenthèses. Et j’y reste. » Une façon de reconnaître les liminalités, les flottements, comme des espaces fertiles à la création.
- Toni Morrison – « Si vous avez un livre que vous voulez lire, mais qu’il n’a pas encore été écrit, alors vous devez l’écrire. » Une phrase qui agit comme un appel à l’écriture urgente, nécessaire.
- Sylvia Plath – « Je veux vivre et sentir toutes les nuances de la vie. » Parce que créer, c’est souvent faire face à cette multitude impérieuse d’émotions à traduire en forme.
- Marguerite Yourcenar – « Ce que la voix humaine peut dire de plus proche de l’éternité, c’est un poème. » Une phrase qui donne une légitimité sacrée au geste créateur, même modeste.
Ces phrases ne sont pas des slogans, ce sont des amorces. On peut les écrire dans un carnet, les afficher dans son coin lecture, les glisser dans la couverture d’un cahier ou, pourquoi pas, les porter sur soi. D’ailleurs, dans cet article, nous avions exploré quelques citations à inscrire sur ses vêtements pour afficher une certaine fierté littéraire.
Créer un espace propice à la créativité féminine
Les mots des autrices peuvent aussi nous inspirer à penser des gestes simples qui favorisent l’expression créative. Aménager un espace intime, choisir un carnet qui appelle l’écriture, allumer une bougie au parfum boisé, relire quelques passages d’un roman aimé… autant de rituels qui installent une disposition intérieure. Dans un autre article du blog, nous proposons des idées pour créer un coin lecture inspiré de citations romantiques, et ce type d’espace peut aussi être un refuge créatif.
Créer, ce n’est pas seulement produire – c’est aussi réfléchir, ressentir, assembler. Tout ce qui nous entoure peut être matériau : une phrase entendue, une image d’enfance, une lettre oubliée. Les mots lus sont souvent les premiers matériaux de toute construction artistique.
Comment les citations peuvent nourrir une pratique régulière
Une citation forte peut servir de point de départ à un journal intime, à un texte en prose, à un dessin même. L’important n’est pas d’imiter, mais d’entrer en conversation avec ces voix féminines. Commencer une page avec une phrase d’Annie Ernaux peut déclencher un flux ininterrompu.
Voici trois pratiques simples pour ancrer les mots d’autrices dans votre quotidien créatif :
- Le collage littéraire : découpez des extraits de livres ou recopiez-les à la main, assemblez-les dans un carnet avec des images, des textures. Cela devient une œuvre en soi.
- La réécriture personnelle : prenez une phrase célèbre et réécrivez-la du point de vue de votre vie. Cela tisse un lien personnel avec la phrase citée.
- Le rituel de la phrase du jour : commencez chaque matin par lire une phrase d’autrice et notez ce qu’elle vous évoque. Ce rituel est détaillé dans notre article Poétiser son quotidien.
Ces pratiques n’ont pas pour vocation de « produire », mais de nourrir. Elles nous reconnectent à notre matière intérieure, à cette envie primitive de dire, de raconter, de transformer.
Quand les mots sont tendres : écrire pour se faire du bien
L’écriture ou la lecture féminine n’est pas toujours flamboyante. Elle est parfois douce, réparatrice, presque chuchotée. Certaines phrases d’autrices nous tiennent la main comme des amies silencieuses. Nous avions exploré ce type de langage dans notre article Les mots doux qui font du bien aux amoureuses des livres qui propose d’ailleurs plusieurs citations à relire en cas de doute, de mélancolie ou de fatigue.
La création n’est pas obligatoirement grandiloquente. Écrire une lettre, rédiger une note d’admiration, calligraphier des passages lus à haute voix… tout cela est aussi création. Certaines des plus belles lettres d’amour de la littérature en témoignent, comme celles explorées dans ce récapitulatif de lettres d’amour.
Conclusion : Les mots qui autorisent
Les mots d’autrices ont ce pouvoir rare : ils donnent la permission. La permission de penser autrement, d’écrire sans excuse, de s’aimer pleinement, d’oser inventer des chemins nouveaux. Ils changent notre regard sur nous-mêmes, et, parfois, amorcent une transformation durable.
Créer n’est pas réservé à une élite littéraire : c’est un besoin humain, une joie intime. S’autoriser à créer — en lisant, en portant des mots, en les collectionnant — revient à polir ce joyau intérieur qu’est la voix.
Alors, à vous qui lisez, souvenez-vous : chaque phrase qui vous touche est une graine possible. Il ne reste qu’à l’écrire, la tisser ou la porter — comme un talisman personnel.