Ce site Web a des limites de navigation. Il est recommandé d'utiliser un navigateur comme Edge, Chrome, Safari ou Firefox.

L'étrange habitude de Colette qui influençait son écriture

Figure majeure de la littérature française, Sidonie-Gabrielle Colette — plus connue simplement sous le nom de Colette — est une autrice dont la vie, aussi foisonnante et libre que ses romans, continue de fasciner. Si ses œuvres sont étudiées, analysées et célébrées dans le monde entier, son processus d’écriture reste empreint de mystères. Parmi les bizarreries et rituels qui entouraient son labeur d’écrivaine, une habitude en particulier se distingue tant elle a profondément marqué sa production littéraire : écrire entourée d’animaux, parfois même dans son lit, dès les premières heures du matin.

Colette et son rapport fusionnel aux animaux

Avant d’explorer la manière dont son environnement animal influençait son écriture, il faut comprendre l’attachement profond de Colette au monde naturel. Née en 1873 dans l’Yonne, en Bourgogne, Colette a grandi à la campagne, entourée de champs, de forêts, de bêtes et de silence. Cette proximité avec la nature ne l’a jamais quittée et reviendra tout au long de son œuvre, tant dans les descriptions sensorielles que dans les métaphores animales.

Les chats, en particulier, occupaient une place centrale dans sa vie. Elle leur consacra même un ouvrage entier, La Chatte (1933), et parlait souvent d’eux comme si leur compagnie était non seulement vitale, mais stimulante intellectuellement. De nombreux témoignages d’époque racontent comment Colette partageait son lit avec plusieurs de ses chats, qui dormaient sur ou autour d’elle pendant qu’elle écrivait, parfois dès l’aube.

Écrire dans son lit au lever du jour : un rituel instinctif

Dans sa maison du Palais-Royal, à Paris, Colette avait une manière bien à elle de commencer ses journées. Bien avant le lever du soleil, elle s’installait dans son lit, couverte de couvertures épaisses, un carnet ou des feuilles sur ses genoux, entourée de ses chats ronronnants. Cette position atypique, presque recluse dans sa chambre, n’était pas un simple choix de confort. Elle s’inscrivait dans une pratique d’écriture profondément intuitive : écrire dans un état semi-réveillé, lorsque les barrières entre la conscience et l’imaginaire sont encore floues.

Cette démarche rappelle d’autres routines matinales d’écrivaines célèbres. Simone de Beauvoir, par exemple, avait elle aussi une routine précise et solitaire pour commencer à écrire. Chez Colette, cette habitude matinale dans une atmosphère quasi onirique favorisait un état d’esprit propice à la créativité, à l’introspection et à l’observation fine des sensations.

Une sensorialité exacerbée par la présence animale

Pourquoi les animaux, et surtout les chats, jouaient-ils un rôle si important dans ce processus ? Colette croyait fermement que leur présence favorisait une intensité sensorielle, une manière de « se connecter » différemment au monde. Dans sa prose, les textures, les odeurs, les mouvements subtils de la nature sont omniprésents. Elle écrivait comme elle vivait : en état de perception constante.

Les chats, discrets mais attentifs, étaient pour elle des compagnons respectueux du silence nécessaire à l’écriture, mais aussi des muses en mouvement. Selon certaines sources, elle observait longuement leurs déplacements, leurs manières de se lover ou de marcher, pour alimenter ses descriptions de personnages féminins souvent félins dans leur attitude. Il n’est pas anodin que l’on ait souvent comparé Colette elle-même à une chatte — sensuelle, indépendante, insaisissable.

L’écriture comme prolongement du corps

Ce qui distingue aussi Colette de ses contemporaines, c’est la façon dont elle écrivait avec et à travers son corps. Le fait de rester au lit pour écrire, dans une position presque semi-allongée, participait de cette écriture incarnée. Elle n'adoptait pas la posture classique de l'écrivain installé à son bureau, mais une posture plus libre, perméable à ses sensations intérieures.

Ce lien entre corps et écriture n’est pas unique dans l’histoire littéraire. Virginia Woolf, par exemple, modifiait constamment l’agencement de ses meubles et son espace d’écriture pour mieux se relier à ses pensées. Colette, elle, préférait évoluer dans un cocon, un espace protecteur où les frontières entre soi et le monde extérieur se brouillaient. Cette manière d’écrire se ressent dans ses textes intimes, organiques, où chaque mot semble glisser naturellement du corps à la page.

Une habitude influente sur sa production et son style

Il ne fait aucun doute que cette méthode si personnelle a participé à forger le style unique de Colette. Sensuel mais précis, poétique mais ancré dans le quotidien, son style est reconnaissable entre mille. À travers des œuvres comme Claudine à l’école, Sido ou Le Blé en herbe, Colette fait émerger un monde tactile, animé, vibrant — dont la source semble aussi bien issue de ses souvenirs que de ses matins passés à observer ses chats ou à écouter les bruits feutrés du réveil du monde.

En gardant une routine constante, presque méditative, Colette parvenait à entrer dans un état de concentration rare. Cette rigueur — dissimulée sous des apparences de paresse matinale — trouve à résonner avec l’isolement créatif d’autres autrices. Emily Dickinson, par exemple, choisit une vie recluse pour consacrer ses journées à la poésie. Colette, elle, restait disponible au monde mais cultivait ces heures précieuses de solitude au lit pour mieux écrire.

Des enseignements pour les lectrices contemporaines

L’habitude de Colette n’est peut-être pas à reproduire à l’identique pour tous les amateurs de lecture ou d’écriture, mais elle offre une leçon précieuse : écoutez votre rythme naturel. Trouvez l’endroit — physique et mental — où vos idées circulent librement. Le lit peut être un lieu d’écriture ; les animaux, des sources d’inspiration ; l’aube, une porte entrouverte vers l’imaginaire. Ce que nous apprend Colette, c’est que la créativité est indissociable de notre sensibilité, de notre rapport intime au monde.

Et si cette approche vous inspire, d’autres autrices l’ont expérimentée à leur manière. Jane Austen ou encore les grandes figures du roman d’évasion peuvent également servir de guides pour vous aider à créer un espace propice à la lecture et à l'écriture.

Au-delà d’une excentricité, l’habitude matinale de Colette est une invitation à repenser notre rapport à la création. Elle nous rappelle que l’on peut écrire depuis un lit, dans le silence du matin, avec un chat sur les genoux — et que, parfois, c’est ainsi que naissent les chefs-d’œuvre.

MUSE BOOK CLUB : la marque des lectrices.

Explorez notre collection de vêtements et accessoires littéraires pour les amoureuse des livres.

DÉCOUVRIR LA MARQUE →

Panier

Plus de produits disponibles à l'achat

Votre panier est vide.