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Les accessoires fétiches de Sigrid Undset cachés dans une malle secrète

Une malle en acajou oubliée dans les combles de Lillehammer

Dans une mansarde éclairée par une lucarne au nord de Lillehammer, la maison Bjerkebæk abrite encore des traces silencieuses de Sigrid Undset, Prix Nobel de littérature en 1928. Connue pour sa fresque monumentale médiévale Kristin Lavransdatter, Sigrid était aussi une femme ancrée dans son époque, attentive aux détails matériels qui nourrissaient son imaginaire. En 1993, lors d’une campagne de restauration de la maison devenue musée, une malle de voyage fut découverte, oubliée depuis des décennies dans les combles. Ce coffre en bois d’acajou regorgeait d’objets personnels : des accessoires apparemment anodins mais qui, remis en contexte, éclairent l’univers intérieur de cette autrice hors du commun.

Le rosaire de grenat : une foi incarnée dans la matière

Convertie au catholicisme en 1924, Sigrid Undset ne dissociait pas sa foi de son œuvre. Parmi les objets retrouvés dans la malle, un rosaire en grenat taillé, logé dans un étui de velours noir brodé à la main. Ce chapelet ne constituait pas seulement un outil spirituel ; c’était aussi un talisman personnel, probablement manipulé dans les instants d’hésitation littéraire. L’objet s’inscrit dans une tradition que partageaient nombre d’écrivaines spirituelles du XXe siècle, à l’image d’une Alice Munro et de ses objets nocturnes.

Le grenat, pierre semi-précieuse, était également réputé au Moyen Âge — époque qu'Undset a tant explorée — pour son usage symbolique dans les bijoux royaux et religieux. Ainsi, ce rosaire illustre l’osmose entre les thématiques médiévales et les besoins spirituels contemporains de l’autrice.

Un manteau de laine norvégienne : écrire en résistance

Lors de l’exil de Sigrid Undset durant la Seconde Guerre mondiale, sa vie de femme écrivain s’alourdit d’un rôle politique. Exilée aux États-Unis de 1940 à 1945, elle dénonça vigoureusement l’occupation nazie de la Norvège. Dans cette malle, on retrouve un manteau long en laine norvégienne, tissé probablement à Fagernes ou Voss, selon les motifs traditionnels visibles sur le col intérieur.

Ce manteau représente davantage qu’une protection contre le froid : il symbolise un enracinement dans le terroir norvégien, une fidélité à l'identité nationale, à l’instar des robes aventureuses de Karen Blixen. Écrivait-elle enveloppée dans ce vêtement épais, face au fjord ? Les archives du musée le laissent penser : une photographie de 1925 montre Undset assise au bureau de Bjerkebæk, portant ce même manteau, le regard braqué hors-champ.

Un stylo Waterman 52 à plume flexible : écrire au plus juste

Parmi les éléments les plus précieux de la malle, un stylo plume Waterman 52, fabriqué dans les années 1920, trahit un engagement profond envers l'écriture manuscrite de qualité. Ce modèle était connu pour la souplesse de sa plume, capable de traduire les moindres inflexions du poignet.

L’usage de ce type de stylo révèle l’attachement d’Undset à la lenteur, à la précision et à la matérialité du geste. Contrairement à la machine à écrire dorée d’Elisabeth Bishop, Undset préférait les pleins et les déliés de l’encre. Les copies manuscrites de ses romans conservés montrent une calligraphie dense, sans rature évidente, fidèle à une pensée structurée dans l'avance.

Un carnet de croquis en toile bleue ciel : visions silentes

Dans un recoin de la malle était placé un petit carnet de croquis au format A6, recouvert de toile bleue fanée, contenant une vingtaine de dessins à la mine graphite : visages de femmes en coiffe médiévale, esquisses d’églises en bois debout, silhouettes de cavaliers. Ce carnet dévoile une dimension moins connue de l’autrice — son talent pour la composition visuelle.

Ces croquis ne sont pas de simples divertissements ; ils semblent être des études préparatoires qui témoignent de la construction mentale de l’univers de Kristin Lavransdatter. Loin d’être accessoires, ces dessins prolongent l’écriture par l’image. Comme pour Patricia Highsmith et son fauteuil de velours, le lieu de création d’Undset était pluriel, mélangeant motifs sensoriels et élans intellectuels.

Une boîte à thé en fer blanc : odeurs, rituels et concentration

Enfin, au fond de la malle se cachait une modeste boîte à thé en fer blanc, joliment décorée de motifs floraux. Elle contenait encore, malgré les années, les légers effluves d’un mélange Ceylan-Darjeeling. Le thé consommé avec régularité pouvait offrir à l’écrivaine un espace de pause et de recentrage. Ce détail intime n’est pas sans rappeler les rituels créatifs de Toni Morrison enveloppée dans ses plaids d’écriture.

Sigrid Undset était une observatrice minutieuse. Chaque accessoire semblait placé au service d’un cadre de pensée et de travail exigeant, tant spirituellement qu’esthétiquement.

Conclusion : les objets comme empreinte silencieuse de la création

La découverte de ces accessoires éclaire une vérité essentielle : les objets qui entourent une autrice ne sont jamais anodins. Ils sont les relais sensoriels, émotionnels, parfois spirituels, d’un dialogue entre la vie et l’œuvre. Cette malle ouverte comme un tiroir de mémoire nous rappelle que toute grande œuvre est ancrée dans une pratique concrète et quotidienne.

Pour les lectrices du MUSE BOOK CLUB, qui cherchent à allier passion littéraire et art de vivre, ce récit offre l’inspiration d’un style de lecture incarné, attentif aux matières, aux gestes et aux objets. Une manière de poser un regard plus amoureux et poétique sur nos propres accessoires du quotidien.

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