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L'élégance du hérisson : un roman intime devenu film, qu’en reste-t-il ?

Depuis sa parution en 2006, L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery a marqué un large public par sa finesse d’écriture, sa beauté introspective et sa philosophie accessible. Ce roman, chroniqué, primé, débattu, s’est rapidement imposé comme un incontournable des bibliothèques contemporaines. À tel point qu’une adaptation cinématographique a vu le jour en 2009 sous le titre Le Hérisson, réalisé par Mona Achache. Quinze ans après sa traduction sur grand écran, que reste-t-il de la puissance évocatrice de ce récit dans sa version filmée ? L’adaptation a-t-elle su respecter l’essence du roman ou s’en est-elle égarée ?

Résumé du roman L'Élégance du hérisson : une rencontre improbable entre Paloma et Renée

Située dans un immeuble huppé du VIIe arrondissement parisien, l’intrigue du roman repose sur deux voix principales : celle de Paloma Josse, une jeune fille surdouée de douze ans issue d’une famille bourgeoise désabusée, et celle de Renée Michel, concierge autodidacte et cultivée qui cache ses passions intellectuelles sous une façade austère. Toutes deux, en retrait du monde qui les entoure, se découvrent mutuellement et s’apprivoisent grâce à l’arrivée d’un nouvel habitant japonais, Kakuro Ozu.

Muriel Barbery propose un regard philosophique et sensible sur la beauté du quotidien, l’apparence trompeuse des classes sociales et le sens de la vie. Sans tomber dans la mièvrerie, elle creuse la solitude, les a priori et l’aspiration secrète à la vérité et à la beauté. Le roman est traversé de références à Husserl, Tolstoï, ou encore Proust, mais toujours avec une clarté qui en facilite l’accès, faisant de ce livre un objet aussi intellectuel que touchant.

Le passage du roman au film : quels choix d’adaptation pour Le Hérisson ?

Adapter un roman aussi introspectif que L'Élégance du hérisson est un exercice périlleux. Mona Achache, coscénariste et réalisatrice du film, a pris le parti d’élaguer plusieurs éléments philosophiques du livre pour en conserver la trame émotionnelle. Le film Le Hérisson, sorti en 2009 avec Josiane Balasko dans le rôle de Renée, se veut plus accessible, misant sur la poésie visuelle et la tendresse du récit plutôt que sur la densité intellectuelle de l’original.

La voix off de Paloma, incarnée par Garance Le Guillermic, guide le spectateur tout au long du film, un choix proche de la structure du roman alterné. Pourtant, Renée s’y révèle moins complexe que dans le livre, plus excentrique que secrètement brillante. La réduction des références culturelles, sans doute nécessaire pour un format cinématographique, modifie la tessiture du personnage, qui perd une partie de sa richesse intellectuelle.

Malgré cela, certaines scènes comme l’arrivée de Kakuro Ozu, joué par Togo Igawa, apportent une vraie grâce au film. La mise en scène, sobre mais minutieuse, évite le piège de la caricature tout en rendant un bel hommage à l’épure du récit original.

Les absences marquantes du film : ce que Le Hérisson ne retranscrit pas

Ce qui frappe en comparaison du roman, c’est l’absence ou l’atténuation de nombreuses réflexions philosophiques qui structuraient L'Élégance du hérisson. Par exemple, toute la méditation de Paloma sur le suicide, profondément analysée dans le texte, est traitée de manière beaucoup plus légère dans le film. De même, les monologues intérieurs de Renée, sur l’art, la lecture, ou l’estime de soi, sont fortement condensés ou supprimés.

Or, c’est précisément cette richesse des pensées croisées de Renée et Paloma qui conférait au roman sa dimension unique. L’adaptation, en cherchant à émouvoir sans trop complexifier, propose une relecture plus accessible mais moins percutante. Certaines critiques, notamment sur comme pour l’analyse de Reviens-moi entre roman et film, soulignent ces renoncements comme des pertes sensibles dans la restitution de l’œuvre originelle.

Une adaptation qui divise : réception critique du film Le Hérisson

À sa sortie, le film a reçu un accueil contrasté. Si une partie du public salue une adaptation « touchante » et « poétique », plusieurs critiques littéraires lui reprochent une simplification excessive voire un affadissement de l’œuvre originale. Là où le livre poussait à la réflexion, le film fluide vers une émotion immédiate.

Cependant, d’un point de vue cinématographique, Le Hérisson reste une œuvre sensible, visuellement réussie, avec une direction d’acteurs efficace. Josiane Balasko surprend dans un rôle tout en retenue, et Garance Le Guillermic campe une Paloma crédible dans sa maturité précoce. Le film a même permis à de nombreux spectateurs d’aller ensuite découvrir le roman, un chemin inverse mais aussi précieux.

Le débat sur l’adaptation rejoint en cela des questions similaires à propos d’autres transpositions littéraires, comme dans notre article sur La couleur des sentiments ou encore Le talentueux Mr. Ripley.

La place durable du roman dans le cœur des lectrices

Au-delà du film, L'Élégance du hérisson continue de séduire des générations entières de lectrices. On lit, on relit, on offre ce livre comme une confidence, une invitation à penser et à ressentir sans amertume. Il résonne d’autant plus avec la communauté de femmes lectrices et poétiques de MUSE BOOK CLUB, sensibles à cette manière discrète de parler de beauté, de souffrance et de vérité.

Ce roman fait partie de ces œuvres qui deviennent personnelles, tant il oblige à penser au-delà de ce que l’on voit. Il interroge le silence des femmes, la classe sociale, la solitude de l’intellect, tout en offrant l’échappatoire vitale de la littérature et de l’art. Des thématiques que l’on retrouve aussi dans notre exploration de l’adaptation de La Jeune Fille à la perle, un autre exemple de dialogue entre mots et images.

L'élégance du hérisson aujourd’hui : que nous dit encore cette histoire ?

Quinze ans après la sortie du film, et presque vingt ans après la publication du roman, L'Élégance du hérisson reste une lecture précieuse. Il nous rappelle l’importance de voir au-delà des apparences, dans un monde toujours plus enfermant. Il nous dit que la culture, même cachée dans une loge de concierge, est précieuse. Que la jeune génération peut avoir une conscience aiguë, ironique et lucide de ce qui l’entoure. Et surtout, qu’il y a dans les livres, les tableaux, les films, une beauté qui donne sens à nos quotidiens les plus répétitifs.

Lire L'Élégance du hérisson, c’est retrouver une forme d’intimité perdue avec soi-même. Voir le film, c’est toucher un peu de cette émotion, sans en absorber toute la profondeur. Ainsi, que l’on ait rencontré Renée et Paloma par le livre ou par le film, leur histoire persiste, discrète mais inoubliable, dans notre regard sur les autres et sur le monde.

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