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Le courant hypermoderne : lire quand le présent se noie dans l'immédiateté

Dans un monde où nous sommes sans cesse sollicités, dans lequel les notifications éclipsent les pensées profondes en une fraction de seconde, lire semble presque un acte de résistance. L’époque actuelle, souvent qualifiée d’hypermoderne, bouscule notre rapport au temps, au soi et aux autres. Alors, quelle place la lecture conserve-t-elle dans cette société de l’instantané ? Est-elle encore capable d’endiguer le flot incessant de l’immédiat ? Et surtout, comment peut-elle nourrir une vie intérieure dans un monde tourné vers l’extérieur immédiat ?

Comprendre le courant hypermoderne : entre accélération et anxiété

L’hypermodernité, notion développée par le sociologue Gilles Lipovetsky, désigne un état de la société postmoderne poussé à l’extrême. Loin de l'euphorie consumériste des Trente Glorieuses, l’hypermodernité est caractérisée par l’omniprésence de la technologie, la surinformation, la montée de l’individualisme et une course permanente contre le temps.

Nous n’avançons plus, nous glissons. L’instantanéité est devenue la norme : consommation de contenu en flux continu, réseaux sociaux mettant en avant l’actualité immédiate plutôt que la profondeur, injonction à la productivité à chaque instant. Ce phénomène, Lipovetsky le qualifie d’« accélération du présent ».

Or, cette accélération s’accompagne d’une angoisse chronique. Nous sommes à la fois ultra-connectés et souvent désorientés. Le temps pour soi – pour s’arrêter, réfléchir, lire – se restreint. Dans ce contexte, lire devient un acte à contre-courant. Une façon lente et dense d’habiter un monde qui nous pousse à la dispersion.

Lire : un acte de reconquête dans l’ère de l’instantané

Dans cette époque frénétique, la lecture permet, justement, de se réapproprier un espace mental. Lire un roman, un recueil de poésie, un essai, c’est accepter une temporalité autre que celle des écrans. C’est renouer avec la capacité à se concentrer, à entrer dans un rythme plus lent, plus intérieur.

Nombre de lectrices témoignent de cette sensation d’« atterrissage » lorsqu’elles entrent dans un livre. C’est une reconnexion au temps long, mais aussi à soi-même. En lisant, nous ne consommons pas seulement du texte. Nous dialoguons avec des voix, des idées, des émotions. Nous habitons un autre présent, que celui des notifications et de la réactivité.

La lecture, dans ce contexte, rejoint l’idée déjà développée dans notre article sur le courant épicurien : elle enseigne à savourer la vie, mais de manière intellectuelle et sensible. Lire permet une forme de présence au monde plus profonde. Une attention à ce qui compte vraiment.

Pourquoi la fiction résiste si bien à l’hypermodernité

On pourrait croire que les romans, les textes longs, sont les grandes victimes de notre époque éphémère. Pourtant, la fiction continue à susciter l’intérêt. Pourquoi ? Parce qu’elle donne du sens et offre une vision différente du réel. La recherche de sens, dans une ère désorientée, est plus nécessaire que jamais.

La littérature a toujours aidé les sociétés à traverser le chaos. En témoignent Camus, Beckett ou Kafka, dont les récits absurdes ont jailli après les grands drames du XXe siècle. Comme nous l’explorons dans notre article sur l’absurde en littérature, il ne s’agit pas seulement de divertissement, mais d’un moyen de nommer l’indicible, d’organiser intérieurement ce qui n’a pas de sens à l’extérieur.

Lire de la fiction, c’est aussi réapprendre à imaginer, à ressentir, à faire preuve d’empathie. Des compétences humaines essentielles, souvent écrasées par l’immédiateté et la superficialité médiatique.

Quand la littérature devient une pratique quotidienne de résistance

Face au vertige numérique, certaines femmes pratiquent la lecture comme un rituel essentiel. Ce n’est pas un acte marginal, mais au contraire une manière assumée de choisir un autre rythme de vie. Lire devient une forme d’ancrage.

Certains mouvements, comme les cercles de lecture entre femmes, mettent en avant cette dimension existentielle de la lecture. Ces communautés, reposant souvent sur un rythme lent (un livre par mois, parfois plus), favorisent l’échange en profondeur plutôt que le commentaire rapide. Le Muse Book Club s’inscrit lui aussi dans cette idée : reconnecter avec soi-même à travers des lectures inspirantes et des objets littéraires du quotidien.

Dans ces lectures partagées, plusieurs thématiques résonnent aujourd’hui de manière particulière : l’histoire coloniale et postcoloniale, les voix féminines, les récits d’émancipation. Nous avons notamment exploré ces dimensions dans nos articles sur la littérature coloniale et postcoloniale.

Ces textes, loin d’être seulement esthétiques, deviennent des outils d’analyse du monde contemporain. Ils permettent de faire résonner l’Histoire avec un grand H dans les expériences individuelles du présent.

Comment retrouver le goût de lire à l’ère hypermoderne ?

Lire semble devenu un luxe. Mais c’est aussi une discipline, un engagement personnel. Voici quelques pistes concrètes pour (re)trouver ce plaisir malgré le tumulte ambiant :

  • Éloigner les distractions : lire en mode avion, dans un espace calme, sans écrans à portée.
  • Lire peu mais bien : mieux vaut dix minutes de lecture attentive que trente de lecture distraite.
  • Choisir ses textes selon ses besoins du moment : fiction réconfortante, poésie concise, essai stimulant… chaque livre peut répondre à un état intérieur particulier.
  • Créer des rituels : lire le matin avec son café, dans les transports ou avant de dormir peut devenir un point d’ancrage quotidien.
  • Susciter le lien : échanger ses impressions avec d’autres femmes lectrices (clubs, forums, Instagram littéraire) redonne du sens à l’acte de lire.

La lecture, comme d’autres aspects de la culture dite « lente » (écriture manuscrite, promenade, contemplation), permet de reprendre le contrôle d’un temps fragmenté. Elle invite à une reconquête du moi dispersé.

Conclusion : Plus que jamais, lire est un acte politique

Dans un monde saturé d’images, de bruits, de messages, lire est une manière de dire stop. C’est un refus de l’instantané comme seul modèle de rapport au monde. C’est aussi une manière d’aimer autrement : plus lentement, plus profondément, avec plus de présence. La littérature, parfois considérée comme élitiste ou désuète, se révèle paradoxalement être l’un des moyens les plus adaptés pour habiter le présent avec lucidité.

Alors oui, lire quand le présent se noie dans l’immédiateté, c’est résister. C’est s’ancrer. Et c’est, probablement, l’un des plus beaux gestes de liberté qui nous soit encore permis.

Pour prolonger votre réflexion sur les différents courants littéraires qui façonnent notre rapport au monde, n’hésitez pas à explorer notre article sur la littérature courtoise, ou à découvrir comment la poésie et les objets du quotidien peuvent nourrir votre vie intérieure, ici même sur Muse Book Club.

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