Pourquoi adopter la slow reading attitude ?

La slow reading n'est pas qu'une tendance passagère : c'est une réponse réfléchie au rythme effréné de notre époque. À l’heure des scrolls infinis et des notifications incessantes, la lecture lente propose une alternative apaisante, presque méditative. Elle offre un retour à soi, à l’attention profonde, à une immersion dans les mots, les idées, les émotions. Lire lentement, c’est savourer chaque phrase, s’attarder sur les nuances, laisser infuser les images mentales. C’est aussi dire non au zapping intellectuel et valoriser la qualité plutôt que la quantité de lectures.

Mais tous les genres ne se prêtent pas de la même façon à cette pratique. Certains types de littérature encouragent davantage cette décélération, en exigeant une certaine contemplation ou en multipliant les silences et les espaces entre les lignes. Dans cet article, nous explorons les genres littéraires les plus propices à la lecture lente.

La poésie : immersion sensorielle et espace pour la pensée

La poésie est naturellement lente. Que ce soit chez Paul Valéry, Emily Dickinson ou René Char, chaque vers appelle à l’arrêt. Parce que la poésie condense le langage, elle impose une lecture attentive, presque méditative. Lire de la poésie, c’est souvent lire à voix haute (ne fût-ce que dans sa tête) pour découvrir les rythmes, respirer entre les strophes, ressentir les silences. C’est une forme de lecture qui se savoure par petites touches, comme une dégustation.

Pour les lectrices sensibles aux mots justes et à la musicalité du langage, ce genre est idéal. Il invite à une déconnexion profonde et à une reconnexion à soi. Pour aller plus loin sur les genres littéraires sensibles à la féminité, vous pouvez consulter cet article dédié à la littérature au féminin.

Les romans contemplatifs : l’art de ralentir le récit

Certains romans privilégient l'atmosphère, la description, la durée. On pense aux œuvres de Virginia Woolf, comme Mrs Dalloway ou Les Vagues, où le temps s’étire dans la conscience des personnages. Ou encore à Marguerite Duras, dont les récits souvent fragmentés laissent place au silence et à l’introspection. Ce sont des textes plus exigeants, qui ne se livrent pas en une seule lecture — mais dont la lenteur est précisément ce qui en fait la richesse.

Adopter la slow reading, c’est aussi choisir des autrices qui construisent des mondes où l’intériorité prime sur l’action. Des écrivaines comme Anne Carson, Olivia Rosenthal ou Annie Ernaux cultivent cette écriture du subtil, du médium, de l’entre-deux. Pour les passionnées d’histoires de femmes puissantes et d’univers riches, vous pouvez aussi lire cet article sur les récits féminins marquants.

Les essais personnels et autobiographiques : lire pour comprendre

Un autre genre parfaitement adapté à la slow reading est celui de l'essai, en particulier les formes hybrides où l'autobiographie, la réflexion théorique et la sensibilité littéraire se rencontrent. Des autrices telles que Annie Ernaux, bell hooks ou Leslie Jamison mélangent récit personnel et questionnements sociaux avec une grande exigence stylistique. Pour les lectrices qui aiment réfléchir en lisant, ces textes se lisent lentement, se relisent parfois, et offrent un temps de maturation de la pensée.

Ces œuvres laissent une place importante à la résonance personnelle. Elles encouragent à s’arrêter, surligner, annoter. La lenteur est ici un mode de relation au texte, mais aussi à soi.

La littérature japonaise : minimalisme et attention aux détails

La littérature japonaise moderne (et contemporaine) est également un excellent choix pour qui souhaite ralentir. Les romans de Yasunari Kawabata, Hiromi Kawakami ou Banana Yoshimoto adoptent un style clair, épuré, avec une grande attention aux gestes du quotidien, aux atmosphères, aux silences. Même Haruki Murakami, dans ses romans moins réalistes, sait créer des ambiances suspendues, où l'on prend le temps d’observer, d’attendre — parfois sans comprendre immédiatement.

Cette approche favorise une lecture douce, introspective, où chaque scène anodine peut devenir poétique. Pour celles qui aiment être surprises, explorer de nouveaux genres ou sortir des sentiers battus, nous vous recommandons cet article sur les genres méconnus adorés des lectrices.

Les correspondances et journaux intimes : une intimité partagée

Loin des intrigues haletantes et des rebondissements, les lettres et journaux intimes offrent un espace de lecture spontanément lent. La correspondance entre Virginia Woolf et Vita Sackville-West ou le journal de Sophie Calle permettent une immersion dans des pensées intimes, singulières, souvent très littéraires.

Ces textes invitent à suivre le rythme de la vie réelle, avec ses temps morts, ses répétitions, ses infimes variations. En les lisant, on accepte d’entrer dans une temporalité différente, proche de la nôtre — mais dépourvue d'urgence. Une belle façon de ralentir tout en tissant un lien profond avec une voix d’auteur.e.

Comment intégrer la slow reading dans son quotidien ?

• Créer un rituel de lecture : Choisissez chaque jour un moment pour lire — au réveil, à la pause déjeuner, le soir — sans distractions numériques.
• Lire moins, mais mieux : Remplacez la progression rapide d’une pile-à-lire par une saine lenteur de lecture. Un seul livre à la fois suffit.
• Annoter, surligner, réfléchir : Prenez des notes, soulignez les passages marquants, revenez sur vos pages préférées. La lecture devient dialogique.
• Écouter ses envies : Parfois, ralentir, c’est aussi lire ce qui nous attire vraiment, sans pression du "il faut lire ce classique". Pour cela, n'hésitez pas à consulter cet article pour oser de nouvelles lectures.

Conclusion : choisir des genres qui respectent votre tempo intérieur

La lecture lente n’est pas réservée à une élite lettrée ou à des textes austères. Elle s’adresse à toute lectrice qui souhaite redonner à la lecture sa valeur intime, sensorielle, presque spirituelle. En choisissant les bons genres littéraires — poésie, roman introspectif, essai personnel, littérature japonaise ou correspondances — vous invitez la lenteur dans votre quotidien.

Dans un monde qui va trop vite, choisir de lire lentement, c’est une forme de résistance douce. Un geste précieux, que Muse Book Club célèbre par ses collections autour de la lecture féminine et de l’esthétique littéraire. Offrons-nous ce luxe : ralentir.