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George Eliot et ses accessoires pour écrire qu'elle ne prêtait jamais

George Eliot, de son vrai nom Mary Ann Evans, est l'une des figures les plus marquantes de la littérature victorienne. Elle est réputée pour ses romans profonds tels que Middlemarch, The Mill on the Floss ou encore Daniel Deronda. Moins connue, cependant, est la relation intime qu’elle entretenait avec ses objets d’écriture. Bien plus que de simples outils, ils représentaient pour Eliot une extension de sa pensée et de son identité créative. Dans cet article, nous nous pencherons sur les accessoires préférés de George Eliot pour écrire — et surtout ceux qu'elle ne prêtait jamais.

Le carnet relié en cuir : un sanctuaire personnel

Parmi les objets les plus précieux d’Eliot figurait un carnet relié en cuir brun foncé, souvent mentionné dans sa correspondance. Ce carnet, cousu à la main et toujours glissé dans un tiroir près de son bureau, était réservé à ses notes les plus personnelles : esquisses de personnages, dialogues entendus dans la rue, citations extraites de ses lectures ou commentaires philosophiques.

Eliot, très attachée à l’ordre et à la rigueur, ne permettait jamais que ce carnet quitte son bureau. Dans une lettre adressée à son compagnon George Henry Lewes, elle évoque combien l’écriture dans ce carnet l’aidait à « tasser ses pensées comme on range une bibliothèque ». Le carnet n'était pas seulement un outil, mais un refuge mental et un symbole d'autonomie intellectuelle. Ce lien profond entre l'écrivain et ses carnets fait aussi écho à la relation entre Frida Kahlo et son journal intime.

Un stylo plume en argent : le prolongement de sa pensée

Bien avant que les stylos à bille ne deviennent la norme, le stylo plume représentait l’outil d’écriture privilégié du XIXe siècle. George Eliot possédait un stylo plume en argent, cadeau de George Lewes, doté d’une plume fine qui lui permettait de tracer des lettres délicates et nettes. Ce stylo, qu'elle conservait dans un étui de velours, était selon elle « le seul capable de suivre le rythme tumultueux de [son] esprit ».

La rigueur de son écriture reflétait son exigence intellectuelle. Elle procédait souvent à plusieurs réécritures de ses manuscrits, usant de codes chromatiques entre encre noire, brune et parfois violette pour signaler les différentes étapes d’un texte. Le stylo en argent n’était jamais prêté à quiconque, par crainte qu’un encrassage malheureux ne trahisse la précision de son travail.

Un bureau d’angle en acajou : l’espace indélébile de création

Loin des tables anonymes, Eliot conservait pour l’écriture un bureau d’angle en acajou massif, installé face à une fenêtre orientée au nord pour bénéficier d’une lumière constante, mais douce. Ce bureau, acheté dans un magasin de mobilier près de Regent’s Park, fut aménagé avec minutie : des casiers pour classer ses lettres, un encrier fixe, un coupe-papier gravé et une cloche pour signaler qu’elle ne devait être dérangée sous aucun prétexte.

C’est dans cette pièce que naquirent les premières lignes de Middlemarch, considérées à présent comme l’un des plus grands romans de langue anglaise. Cette importance donnée à l’environnement d’écriture n’est pas sans rappeler le soin méticuleux apporté à l’espace créatif chez Edith Wharton.

Des lunettes à monture fine : l’instrument de clarté mentale

La presbytie dont souffrait Eliot dès la quarantaine l’obligeait à porter des lunettes pour lire et écrire. Loin des montures imposantes de l’époque, elle avait fait réaliser sur mesure une paire de lunettes à monture fine en métal doré. Tenues dans un étui rigide recouvert de tissu écossais, elles ne servaient qu’à son usage personnel et n’étaient jamais laissées à la portée d’autrui.

Pour Eliot, ces lunettes représentaient bien plus qu’un accessoire : elles étaient le prisme à travers lequel elle percevait ses mondes de fiction. Leur usage exclusif témoignait de son obsession pour la précision et le détail, qualité essentielle de son écriture psychologique complexe.

Un châle en laine cachemire : le vêtement rituel de l’écriture

George Eliot portait souvent un châle en laine cachemire outre-manche lorsqu’elle écrivait. Ce châle avait une double fonction : thermique d’abord, puisque son bureau était situé dans une pièce peu chauffée, mais aussi presque liturgique. Le mettre signifiait entrer dans l'état de concentration totale que demandait l’écriture.

Ce rituel vestimentaire rappelle les habitudes créatives d'autres autrices, comme Katherine Mansfield et son peignoir de soie. Ces rituels répétés sont autant de portes d’entrée vers des états de concentration propices à l’écriture littéraire.

Une boîte en bois pour protéger ses lettres personnelles

Enfin, George Eliot possédait une boîte en bois sombre, dotée d'une serrure, dans laquelle elle rangeait ses lettres personnelles, en particulier sa correspondance avec des auteurs comme Charles Dickens ou contemporains tels que Florence Nightingale. Cette boîte, qu’elle appelait dans une lettre « le prolongement de [sa] mémoire vivante », n’était jamais ouverte devant des invités.

Sensible à la valeur intime de ses correspondances, Eliot considérait ces échanges comme une partie centrale de sa vie littéraire et émotionnelle. Le poids de ces lettres et leur place dans son processus créatif évoque la relation particulière de Sylvia Plath à ses objets personnels.

Conclusion : des objets d’écriture comme prolongement de soi

Chez George Eliot, rien n’était laissé au hasard : chaque accessoire, qu’il s’agisse d’un stylo, d’un châle ou d’un carnet, servait à organiser ou canaliser la pensée. Ces objets qu’elle ne prêtait jamais forment un véritable portrait en creux de l’écrivaine. Ils incarnent à la fois la discipline, l’esthétique et le besoin d’intimité qui caractérisent son œuvre. Comprendre ces objets, c’est aussi mieux saisir son processus d’écriture, fait de soin, d’isolement désiré et de rituels répétés.

À l’heure où l’on redécouvre l’importance des petits objets dans nos routines créatives, peut-être devrions-nous, à l’image de George Eliot, réapprendre à chérir ces compagnons muets qui nous aident à écrire, penser et exister.

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