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Emily Brontë : ce qu'on a découvert dans le tiroir secret de son bureau

Emily Brontë, figure emblématique de la littérature britannique, ne cesse de fasciner les lectrices passionnées par l'univers gothique et introspectif du XIXe siècle. L'auteure des Hauts de Hurlevent est devenue une icône littéraire, aussi intransigeante que discrète. Peu de documents personnels ont survécu à sa disparition prématurée en 1848, à l'âge de trente ans. Pourtant, une récente découverte au sein du musée Brontë Parsonage à Haworth apporte un nouvel éclairage sur son intimité créative. Un petit tiroir jamais ouvert auparavant, dissimulé dans le bureau qu'elle utilisait chaque jour, a révélé un contenu inattendu.

Le mystère du bureau d’Haworth enfin levé

Depuis des décennies, le Brontë Parsonage Museum conserve précieusement les meubles ayant appartenu aux sœurs Brontë. Parmi eux, le bureau d’écriture d’Emily Brontë a toujours attiré l’attention des visiteurs. Cependant, c’est lors d’une opération de restauration minutieuse en 2024 qu’un tiroir dissimulé au fond d’un compartiment a été identifié par les conservateurs. Ce compartiment coulissant, sans poignée apparente, a pu passer inaperçu pendant près de deux siècles.

À l’intérieur, peu d’objets mais des trésors au regard de la résonance littéraire qu’ils évoquent : un carnet de notes, un mouchoir brodé de ses initiales, un pétale de rose séchée, et une bague en métal d’apparence modeste. Le carnet, en particulier, attire toute l’attention : il comporte des réflexions, des fragments poétiques inédits, des pensées cryptiques − et, plus surprenant encore, des notes sur la nature, les oiseaux, et la météorologie.

Un carnet révélateur de la nature introspective d’Emily Brontë

Emily n’était pas uniquement une romancière. Son recueil de poèmes publié à compte d’auteur en 1846, Poems by Currer, Ellis, and Acton Bell, laissait déjà entrevoir la profondeur de sa sensibilité poétique. Le carnet découvert renforce cette dimension. Il contient des lignes de vers non publiés jusque-là, dont l’intensité émotionnelle évoque l’infini des landes du Yorkshire qu'elle explorait chaque jour. Un exemple frappant est une strophe retrouvée, à demi-effacée :

“I heard a voice that cried unseen, / Above the moors so wide and green...”

Ce lien entre nature et intériorité, typique de la poésie romantique anglaise, est au cœur de sa vision du monde. Les fragments du carnet augmentent la portée de ce que l’on connaissait déjà de son œuvre. Ce n’est pas simplement une curiosité littéraire : c’est une voix que l’on croyait éteinte qui murmure encore.

Entre mémoire personnelle et choix d’effacement

Emily Brontë était farouchement privée. Plusieurs membres de sa famille, notamment sa sœur Charlotte, ont noté à quel point elle détestait toute intrusion. Peu de ses lettres ont été conservées, et aucune entrée de journal personnel n’existe officiellement. Le carnet retrouvé n’est pas un journal intime à proprement parler, mais il s’en approche par les allusions implicites à son quotidien.

On y lit par exemple :

“La solitude n’est pas silence, elle est langage secret.”

Cet aphorisme pourrait à lui seul résumer l’entièreté de sa posture d’écrivaine. Emily a toujours préféré la force du silence à l’exposition publique. Dans ce contexte, la présence d’une bague simple dans le tiroir soulève des questions. Était-ce un souvenir familial ? Un symbole personnel d’écriture ? Une hypothèse émise par les conservateurs du musée est que ce pourrait être l’anneau avec lequel elle fermait parfois les manuscrits pliés, à la manière d’un petit sceau.

Des objets apparemment insignifiants mais profondément éloquents

Parmi les objets retrouvés, le mouchoir brodé “E.B.” témoigne d’une certaine coquetterie minimaliste – bien loin des extravagances de sa sœur Charlotte. Ce soin du détail dans le linge personnel évoque ces écrivaines pour qui l’objet quotidien devient presque un manifeste implicite. À l'image de Katherine Mansfield, qui écrivait exclusivement en peignoir de soie, ou de l’armoire d’Edith Wharton révélatrice de son univers intime, Emily Brontë utilisait des accessoires à la fois simples et hautement significatifs.

Quant au pétale de rose séchée, il pourrait être interprété de mille manières. Si Emily ne s’est jamais mariée, ni n’a entretenu de relation amoureuse connue, cet élément fragile enfermé dans un tiroir invisible peut incarner un sentiment inavoué — ou, plus simplement, un amour pour les détails esthétiques du monde naturel.

Un enrichissement de notre compréhension de l’œuvre brontéenne

La découverte du carnet et des objets annexes permet aux chercheurs de mieux cerner la part invisible d’Emily Brontë. Cela nous éloigne d’une image purement mythifiée, pour nous rapprocher d’une femme réfléchie, attentive aux signes minuscules du vivant, silencieuse parfois, mais jamais absente de sa propre époque. Ce nouveau matériau n’apporte pas nécessairement des réponses définitives, mais il amplifie les questions déjà soulevées par la singularité de son unique roman.

Comme George Eliot qui tenait à ses accessoires d’écriture intimes, Emily Brontë semble avoir entretenu un rapport particulier avec les objets qui l’entouraient. Son bureau, devenu presque un autel de création littéraire, rappelle aussi les installations poétiques et affectives des artistes comme Frida Kahlo, pour qui vêtements et journal intime étaient indissociables de la création.

Pourquoi cette découverte parle aux lectrices d’aujourd’hui

Cet événement archéologique et littéraire résonne particulièrement auprès des femmes qui écrivent, lisent, rêvent à partir de leur espace personnel. Le bureau d’écriture d’Emily était à la fois un sanctuaire et un tremplin. Ce tiroir secret agit aujourd’hui comme une passerelle entre les époques. La modernité d’Emily tient dans sa capacité à faire cohabiter force et discrétion, engagement littéraire et repli silencieux. Pour toutes les lectrices qui chérissent leur coin lecture, leur carnet à pensées ou leur tasse rituelle à côté d’un roman, cette découverte est bien plus qu’une anecdote muséale. C’est un rappel que la vie intérieure est un territoire puissant et légitime.

Dans le monde d’aujourd’hui, où l’image prime souvent sur la profondeur, Emily Brontë, par ces quelques objets cachés dans un tiroir, nous rappelle que le mystère est aussi une forme de langage. Et pour nous, lectrices, il est une invitation à écouter plus attentivement la voix de cette femme qui n’a écrit qu’un seul roman — mais qui continue, cent ans plus tard, à bouleverser nos imaginaires.

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