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Comment Mary Shelley écrivait ses romans à la lueur d’une vieille lanterne

Mary Shelley, auteure du célèbre Frankenstein ou le Prométhée moderne, est bien plus qu'une simple figure gothique de la littérature anglaise. Son œuvre, certes fondatrice dans le genre de la science-fiction, est aussi le produit d’un quotidien marqué par la solitude, le deuil, la rébellion intellectuelle et une atmosphère intimiste qui dessine le cadre de sa création littéraire. L’image de Mary écrivant à la lueur d’une vieille lanterne n’est pas qu’un détail esthétique : elle incarne tout un mode de pensée, une manière d’habiter la nuit pour donner vie à l’impossible. Plongeons dans le rituel d’écriture d’une autrice au destin hors norme.

Mary Shelley écrivait souvent la nuit, entre silence et isolement

L’environnement dans lequel Mary Shelley écrivait était loin d’être anodin. Après la mort prématurée de son mari, le poète Percy Bysshe Shelley, et de plusieurs de ses enfants, Mary s’est retrouvée confrontée à une forme d’isolement émotionnel qui nourrissait aussi son inspiration. La nuit, avec sa solitude intrinsèque, devenait alors un refuge. C’est souvent à cette heure qu’elle se mettait à l’écriture, à la lueur d’une lanterne, et parfois d’une chandelle imprégnée d’huile — un type d’éclairage typique du début du XIXe siècle.

Ce contexte nocturne favorisait une ambiance propice à l’introspection et à la contemplation, deux éléments essentiels dans une œuvre telle que Frankenstein, construite autour du conflit entre raison et passion, entre nature et culture. Le silence de la nuit n’avait rien de paisible pour Mary Shelley : il amplifiait chaque pensée, chaque souvenir, chaque angoisse. De cette tension naissait l’écriture.

La lanterne comme compagne symbolique de la création

La lanterne que Mary utilisait ne se résume pas à un outil d'éclairage. C'est aussi un symbole de son processus créatif. À une époque où l’électricité n’était pas encore généralisée, les écrivains investissaient pleinement leur environnement de travail : objets personnels, carnets, fragments de lettres, et bien entendu, la lumière tamisée d’une lampe à huile ou d’une lanterne.

Mary Shelley, en particulier, trouvait dans cette lumière faible une forme de concentration. Contrairement à la lumière vive, qui dissipe les contours de l’imaginaire, la lanterne offre une pénombre partielle, où le monde réel se fait plus distant. Elle favorisait chez Mary un état de demi-conscience, cruciale pour explorer les frontières entre rêve, science et littérature — un état similaire à celui que Tolstoï entretenait volontairement autour de ses manuscrits, comme nous l’expliquons dans cet article sur son rituel d’écriture.

Une écriture marquée par une vie de lecture et d’intellectuelle précoce

Fille de Mary Wollstonecraft, autrice du Vindication of the Rights of Woman, et de William Godwin, philosophe politique reconnu, Mary Shelley a baigné très tôt dans un univers de pensée critique. Adolescente, elle passait de longs moments à lire dans la bibliothèque de son père, s'immergeant dans les récits mythologiques, les textes de Rousseau, Voltaire, et de penseurs des Lumières.

Cette éducation a façonné non seulement son écriture, mais aussi sa routine. Lire tard dans la nuit, noter ses impressions, formuler des idées pendant que le reste de la maison dormait : ses habitudes d’écrivain se sont construites sur ces fondations. Une démarche qui n’est pas sans rappeler l’attachement de certaines autrices contemporaines à des objets ou routines fétiches, à l’image de J.K. Rowling et son objet fétiche d’écriture.

La genèse de Frankenstein : un rêve éveillé lors d’une nuit d’orage

Lorsque Mary Shelley écrit Frankenstein, elle n’a que 18 ans. Le roman naît d’un concours d’écriture proposé par Lord Byron durant l'été pluvieux de 1816, passé à la Villa Diodati, en Suisse. Ce « Summer of Darkness » donne naissance à une effervescence créative : chaque invité est invité à composer une histoire de fantômes. Mary souffre d’insomnies cette nuit-là ; elle décrit plus tard avoir été saisie par un rêve à mi-chemin entre veille et sommeil, où elle entrevoit un savant penché sur une créature prise de vie.

Cette expérience sensorielle, intensifiée par le brouhaha de l’orage et le clair-obscur produit par les lampes à huile, cristallise en elle une vision. Ce n’est pas un hasard si une lumière tremblotante accompagne le réveil de la créature dans le roman : Mary Shelley transpose dans son récit cette ambiance crépusculaire. La nuit devient alors un contexte de co-naissance, de révélation.

Un rapport au vêtement et à l’accessoire révélateur de sa poétique

Mary Shelley s’intéressait également aux vêtements de manière discrète mais significative. Elle portait souvent des robes sombres, simples, parfois même austères comparées à la mode de son époque. Loin de la coquetterie, son style vestimentaire est un choix esthétique et intellectuel. Il évoque la retenue, le deuil, mais aussi une forme de douceur silencieuse — une manière d’exister sans détourner la lumière de ses écrits.

On retrouve un lien similaire chez d’autres écrivains, comme le montre la fascination d’Émile Zola pour les accessoires rétro, décrite dans cet article sur ses goûts personnels. Chez Mary Shelley, chaque élément – l’éclairage diffus, la sobriété du vêtement, le choix des mots – participait d’un tout cohérent.

Écrire avec les ombres : la tradition romantique et gothique

Mary Shelley appartient pleinement à la tradition romantique, qui valorise la subjectivité, l’émotion et la nature comme sources d’inspiration. L’imaginaire gothique, très en vogue au XVIIIe et début XIXe siècle, trouve chez elle une résonance particulière. Mais alors que d'autres écrivains romantiques glorifiaient les paysages, Mary restait intérieure, concentrée sur l’humain et ses limites.

Écrire à la lueur d'une lanterne, dans un silence presque surnaturel, c’était pour Mary Shelley une manière de dialoguer avec les ombres – au sens propre comme au figuré. Elle écrivait pour faire exister ces zones grises du vivant : les monstres hybrides, les âmes errantes, les désirs ambigus. Un geste comparable à celui de Rainer Maria Rilke, qui imprégnait déjà ses écrits de l’aura poétique des objets quotidiens.

Conclusion : une lanterne comme témoin d’un génie discret

Imaginer Mary Shelley seule, penchée sur ses feuillets à la lumière vacillante d’une vieille lanterne, c’est saisir la profondeur d’une œuvre qui n’a jamais cessé d’interroger l’humain dans son rapport au progrès, à la solitude et à la mémoire. Plus qu’un décor, cette ambiance d’écriture traduit une posture : celle d’une femme qui, dans l’ombre, a éclairé un pan entier de la littérature moderne.

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