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Call Me By Your Name : entre roman et adaptation, que faut-il lire ou voir d’abord ?

Depuis sa sortie en 2007, « Call Me By Your Name » d’André Aciman a séduit des milliers de lectrices passionnées de littérature intimiste et poétique. Dix ans plus tard, son adaptation cinématographique réalisée par Luca Guadagnino en 2017 avec Timothée Chalamet et Armie Hammer n’a fait qu’accroître son aura. Mais face à cette œuvre en deux visages — celui de la prose et celui de l’image — une question demeure : faut-il d’abord lire le roman ou voir le film ?

Call Me By Your Name : une œuvre littéraire à la sensualité introspective

Avant d’être un phénomène cinématographique mondial, « Call Me By Your Name », c’est un roman profondément intime, écrit par André Aciman, auteur d’origine égyptienne et enseignant à New York. Le récit, vaste introspection du personnage d’Elio, jeune adolescent de 17 ans, se construit autour d’un été italien chargé de chaleur, de silence, d’attente et de désir. L’histoire se déploie dans une maison en Italie où Elio passe ses vacances avec ses parents, lorsqu’arrive Oliver, un étudiant américain venu travailler avec le père d’Elio, professeur de philologie.

Le roman convainc par sa lenteur assumée, son attention aux détails sensoriels et sa sincérité déstabilisante. Aciman utilise une narration subjective qui place le lecteur au plus près des pensées souvent confuses et douloureuses d’Elio. Cette proximité pousse à l’identification et permet une véritable immersion émotionnelle dans l’éveil d’un désir juvénile complexe, tendre mais aussi cruel. Pour les lectrices sensibles aux nuances de la psyché humaine ou amoureuses des récits introspectifs à la Virginia Woolf, le roman est un incontournable.

L’adaptation cinématographique : lumière, silence et regard

Sorti en 2017, le film « Call Me By Your Name » a été récompensé notamment par l’Oscar du meilleur scénario adapté et a reçu un accueil critique enthousiaste. Luca Guadagnino a fait le choix de ne pas coller littéralement au roman : il privilégie une esthétique des non-dits, du corps et des paysages. La narration à la première personne, si marquante dans le roman, disparaît pour faire place à une mise en images faite de gestes, de regards, de silences longs et pesants.

Timothée Chalamet incarne un Elio bien plus taciturne que dans le roman, mais dont les émotions internes sont décuplées grâce à une mise en scène délicate. L’Italie y apparaît à la fois comme décor sensuel et comme écho à l’état intérieur des personnages. La musique de Sufjan Stevens ajoute également une couche d’émotion et d’intimité sonore difficile à obtenir à l’écrit.

Le film ne dit pas tout, volontairement, et ce choix rend certains passages plus allusifs. Ainsi, pour une lectrice attentive aux subtilités psychologiques et linguistiques du texte d’Aciman, certains aspects peuvent sembler édulcorés ou moins complexes dans le film.

Lire le livre avant ou après avoir vu le film ?

La question pourrait paraître banale, elle est pourtant essentielle pour celles qui cherchent une expérience littéraire profonde. Lire le livre avant de voir le film permet d’entrer dans l’univers avec une compréhension fine de la dynamique intérieure des personnages. On lit, on s'attendrit, on souffre avec Elio. Puis, cette richesse trouve un écho visuel dans le film, qui donne corps — ou parfois contredit — notre propre imagination.

A contrario, voir d’abord le film peut offrir un contexte sensible et esthétique qui rendra la lecture ultérieure plus vivace : les paysages, les visages, les musiques restent en mémoire et résonnent à chaque nouvelle phrase du roman.

Un parallèle pourrait être fait avec l’adaptation d’« Orgueil et Préjugés », où l’entrée par le texte semble indispensable pour saisir les subtilités narratives que le film transforme ou aplanit.

Les différences clés entre l'œuvre littéraire et le film

Le roman s'étend sur plusieurs décennies, notamment dans son dernier chapitre, tandis que le film se termine à la fin de l’été. Ce choix narratif donne au livre une vision plus globale de ce que devient Elio, des années plus tard, marquant d’un réalisme amer l’intensité passagère du premier amour.

Autre différence majeure : la force du monologue intérieur d’Elio dans le texte. Là où le film laisse souvent place à l'interprétation du spectateur, le roman guide précisément la pensée du lecteur. Les impressions, les contradictions, les doutes, la mauvaise foi parfois... tout est livré avec une honnêteté désarmante.

Il est aussi intéressant de noter que certaines scènes présentes dans le roman ont été adoucies ou tout simplement supprimées à l’écran – notamment celles évoquant plus explicitement la sexualité ou les moments plus sombres de la relation. Cela peut rappeler les décisions prises dans l’adaptation de « Gatsby le Magnifique », où l’esthétique visuelle prend parfois le pas sur la dimension sociale et psychologique du roman.

À qui s’adresse le roman, à qui s’adresse le film ?

Le roman s’adresse principalement à celles qui aiment s’enfoncer dans un récit introspectif, qui ne recherchent pas une action mais une émotion, une méditation sur le désir, le souvenir, la perte. Sa langue est riche, parfois érudite, et exige du temps, de la présence. Il est à lire dans le silence, comme une lettre trop longtemps oubliée.

Le film, pour sa part, touchera davantage celles qui souhaitent vivre une immersion sensorielle et esthétique, portée par une direction artistique sublime. C’est une œuvre de sensations pures, de fragments émotionnels, d’images suspendues.

Les deux œuvres se complètent donc plus qu'elles ne se substituent. Le choix de commencer par l’une ou l’autre dépend surtout de la manière dont chacune souhaite vivre cette histoire : intérieurement ou visuellement.

Et la suite ? L’histoire continue dans « Find Me »

En 2019, André Aciman publie « Find Me », une suite qui explore la vie d’Elio et d’Oliver plusieurs années après leur séparation. Plus décousu, moins centré sur l’histoire d’origine, ce roman élargit l’univers tout en confirmant que « Call Me By Your Name » était d’abord une histoire d’instantanéité et d’éphémère.

Pour les lectrices qui aiment suivre les personnages sur le long terme, ce second tome peut évoquer cet amour du troisième tome, où les émotions deviennent plus denses et les psychologies plus fouillées.

Conclusion : une question de préférence esthétique et émotionnelle

Lire « Call Me By Your Name » avant de le voir, c’est visiter un jardin secret, tenter de comprendre ce que signifie désirer, perdre, se souvenir. Regarder le film d’abord, c’est s’approprier une vision, ressentir instantanément sans chercher à tout comprendre. Il n’y a pas de bon ou de mauvais ordre pour découvrir cette œuvre multiforme, mais il y a une certitude : elle touche au plus profond, quels que soient le médium ou le chemin choisi.

Et pour celles qui s’interrogent sur d’autres ponts entre romans et films, d'autres analyses vous attendent dans notre fournée littéraire.

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