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Anaïs Nin : la garde-robe d'une femme de lettres audacieuse

Figure incontournable de la littérature féminine du XXe siècle, Anaïs Nin n’était pas seulement une pionnière de l’écriture introspective et sensuelle. Elle était aussi une femme à l’esthétique affirmée, pour qui chaque robe, chaque étoffe, chaque nuance avait une signification. Son style vestimentaire n’était pas une coquetterie, mais bien l’extension de son univers littéraire. À travers sa garde-robe, c’est une certaine vision de la femme, de la liberté et de la création qu’elle portait, presque comme une plume sur son dos.

Une élégance née du cosmopolitisme

Née à Neuilly-sur-Seine en 1903, Anaïs Nin grandit entre la France, l’Espagne, les États-Unis et Cuba, des influences culturelles qui marqueront profondément son style. Sa jeunesse européenne, notamment son séjour prolongé à Paris dans les années 30, a teinté son goût vestimentaire d’un raffinement parisien mêlé d’exotisme. On la décrivait souvent vêtue de longs manteaux de laine cintrés, de voiles sombres, ou encore de robes inspirées de la mode espagnole revisitée par la haute couture parisienne.

On pourrait croire que sa garde-robe répondait aux canons d’une époque. Mais elle les détournait subtilement, les modelait selon son humeur, son écriture, parfois jusqu'à en faire un manifeste intérieur. Dans certaines entrées de son journal, elle décrit longuement les vêtements qu’elle porte avant d’écrire ou d’aller à une lecture publique. Elle savait que son corps, sa parole, son image, formaient un tout cohérent qui servait à affirmer sa pensée.

Quand l’habit devient outil de création littéraire

Ce n’est pas un hasard si chez Anaïs Nin, écrire et s’habiller relèvent du même geste d’expression. Comme Alfonsina Storni qui utilisait certaines étoffes pour stimuler sa créativité, Anaïs Nin savait que les textures, les couleurs, les matières contribuent à façonner un état d’esprit propice à l’écriture.

Elle affectionnait particulièrement les soies fluides, les jupes longues, les corsets délicats, les bijoux d’inspiration orientale. Ces choix esthétiques ne traduisaient pas seulement un goût de l’élégance : ils reflétaient un désir d’incarner pleinement ses récits sensuels, introspectifs et singuliers. Devant sa coiffeuse, en attachant un foulard couleur grenat autour de son cou, elle n’endossait pas un rôle — elle choisissait une voix.

Sa garde-robe l’accompagnait aussi dans ses rituels d’écriture. Dans ses journaux, elle confie porter certains vêtements particuliers lorsqu’elle se met à écrire des textes érotiques : des combinaisons de soie, des peignoirs longs, des bijoux qu’elle ne portait qu’à ces occasions. Elle construisait un espace mental, charnel, au sein duquel l’écriture devenait presque une performance quotidienne.

Une esthétique de la transgression douce

Anaïs Nin n’a jamais été une provocatrice vestimentaire dans le sens courant du terme. Elle ne cherchait ni le scandale, ni la rupture esthétique radicale. Mais sa vision résolument personnelle de la féminité et sa liberté de ton lui ont permis de s’affranchir des dogmes sociaux du vêtement.

Tandis que bien des femmes de son époque étaient reléguées à une mode fonctionnelle ou hyper-codifiée (chapeaux, tailleurs stricts, jupons lourds), Anaïs Nin faisait rimer élégance avec audace subtile. Elle portait des tissus presque translucides sur des coupes victoriennes, mélangeant sensualité et retenue. Elle adorait chiner des pièces dans les friperies, surtout dans les quartiers bohèmes de New York et Paris, transformant des robes anciennes en costumes pour ses soirées de lecture ou ses dîners avec Henry Miller.

Lorsqu’elle portait du noir, c’était pour la profondeur, pas pour la discrétion. Quand elle choisissait du rouge ou du violet, c’était pour marquer une présence presque littéraire, comme si chaque apparition devenait un paragraphe écrit à travers son corps.

Un style comme miroir de son écriture

Sans doute l’un des éléments les plus fascinants de la garde-robe d’Anaïs Nin est sa correspondance avec son œuvre. L’attention qu’elle portait à ses vêtements s’inscrit dans la même démarche poétique que ses journaux personnels : une exploration continue de l’âme, du féminin, de la mémoire.

Sa façon de s’habiller dialoguait avec les thèmes qu’elle abordait : la passion, la multiplicité des identités féminines, la dissimulation parfois. Une robe pouvait masquer ou révéler, selon le lieu, le moment, l’intention. C’est ce jeu entre transparence et secret qui nourrit aussi ses romans. Dans La Maison de l'inceste, elle écrit : « Le corps est une maison vivante. » Cette conception s’applique d’une certaine manière à sa penderie : chaque vêtement devient une pièce, une fenêtre ou un escalier vers un souvenir, une blessure, un désir.

Cette vision rejoint d’ailleurs notre article sur le poème secret que Paul Éluard portait toujours sur lui. Comme Éluard, Anaïs portait sur elle quelque chose de l’ordre de l’écriture — non pas en poème glissé dans une poche, mais en tissus et textures choisis.

Un vestiaire d’inspiration pour les lectrices d’aujourd’hui

Alors, que pourrait-on tirer de la garde-robe d’Anaïs Nin aujourd’hui ? Pour une lectrice contemporaine, amoureuse de littérature et de poésie, s’inspirer de Nin ne signifie pas reproduire ses tenues à l’identique. Il s’agit plutôt d’embrasser l’idée que nos choix vestimentaires peuvent devenir une forme d’expression poétique, comme une extension de notre monde intérieur.

Investir dans des vêtements que l’on porte pour écrire, lire ou rêvasser, c’est sanctuariser un moment. Cela pourrait être une blouse ample en lin portée uniquement lors des lectures nocturnes, un carnet de cuir glissé dans un sac qui n’existe que pour les errances de librairies, ou cette bague vintage glanée sur un marché, qui nous rappelle chaque jour notre part d’inspiration littéraire.

Et pourquoi ne pas s’entourer de matières qui nourrissent notre imaginaire comme l’a fait Anaïs Nin ? Des textiles doux, respirants, qui évoquent le confort et la beauté d’un moment d’introspection. Car oui, vivre parmi les livres, c’est aussi choisir de s’habiller comme pour un rendez-vous avec soi-même.

En cela, Anaïs Nin nous rejoint dans notre envie de composer une garde-robe littéraire — comme nous avons pu l’explorer avec Mary Shelley et ses nuits d’écriture à la lueur d’une lanterne ou encore Victor Hugo et ses tenues d’écriture.

Anaïs Nin n’était pas seulement une écrivaine au style sulfureux et féminin. Elle était une femme pour qui la littérature se portait autant qu’elle s’écrivait. Sa garde-robe n’est plus là pour témoigner — mais ses journaux, ses lettres, et quelques photographies suffisent à nous rappeler que l’élégance, portée avec intention, peut être l'accessoire discret mais puissant des femmes qui écrivent.

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